L'Aéro-Messe de Friedrichshafen 2022 : la visite

Débarquement au Hafen de Friedrich, en plein centre-ville. Un bus navette nous emmène jusqu’à Aero- Messe. Friedrichshafen est une ville historique de l’aéronautique avec deux grands noms comme Zeppelin et Dormier qui ont chacun leur musée. Elle accueille aussi l’équivalent de notre salon Rétromobile au mois de mai. Gilles et Jean-François tentent leur chance de payer le billet senior mais seront déboutés. Il est vrai que compte tenu de la moyenne d’âge des visiteurs, si le salon devait faire une réduction aux plus de 50 ans, ils pourraient carrément envisager l’entrée gratuite. Le parc d’exposition est vaste avec deux rangées parallèles de quatre immenses halles. Les exposants sont répartis par activité ; les fournisseurs de composants, de pièces. Un profileur d’aluminium vend des traitements de surface pour empêcher le givrage sur les bords d’attaque des ailes. Cet autre fournit le tissu d’entoilage des ailes avec démonstration à l’appui, colle d’une main et fer à repasser de l’autre. Le tissu qui était froissé sur la structure en bois devient par rétraction sous l’effet de la chaleur parfaitement tendu. C’est magique et finalement beaucoup moins compliqué à réaliser que ce que j’imaginais. L’avionique occupe du terrain avec Garmin en tête de gondole, mais il y a de nombreux autres fabricants. Du logiciel de navigation, en veux-tu en voilà, que l’embarras du choix. Des casques radios, mais aussi de la toutouille pour se donner des impressions de vieux pilotes de la RAF. Dans le hall des motoristes, Jean-François nous fait un cours sur les turbopropulseurs devant deux écorchés mécaniques, l’un à axe unique avec la nécessité d’un réducteur pour l’hélice et l’autre avec deux axes libres.

Passons aux choses sérieuses, de celles qui volent. Les planeurs en présentation sont peu nombreux mais les gyrocopters en quantité, avec des machines entièrement carénées dont l’une annonce une vitesse de 200 km/heure. Nous nous interrogeons devant ce modèle dont on voit bien la mécanique de la voilure tournante ; comment se commande la variation de l’angle des pales. Après discussion, le vendeur nous affranchit : si l’angle de la pale varie, l’appellation n’est plus gyrocopter mais helicopter. Point à la ligne.

Avec le VL3, JMB Aircraft présente le premier modèle certifié d’un ultra-light avec propulsion par turbine, avec l’option entraînement direct de l’hélice ou par le biais d’un moteur électrique. Une petite turbine spécialement conçue et non un ATU. Évidemment, cette nouveauté attire les regards des visiteurs massés devant le descriptif. Chaussée haut et vêtue court, une hôtesse du salon ne peut nous distraire de notre fascination pour la turbine : 58kg et 3000 heures de potentiel ! Présentations ci-dessous… la pub du fabricant d’abord, puis le sales pitch en allemand sous-titré en anglais de la responsable du stand, puis explications en anglais sur la turbine, par son concepteur français en personne. Cocorico.

 

 

À notre point de ralliement, au stand Robin, Monsieur Pélissier nous parle de son entreprise. Depuis 1957, Robin fabrique le même avion, l’améliore sans cesse mais ne change pas les plans de Delemontez. La fabrication reste très artisanale avec une production de trois appareils par mois pour 70 salariés. En gros, 50% de la main d’œuvre est affectée à la menuiserie, 25 % à l’entoilage peinture et 25 % au montage de l’appareil. Le plan France Relance de Macron va lui permettre un investissement de 6 millions d’euros avec 30% de subvention directe pour rationaliser sa chaîne de production et, faute de pouvoir trouver des jeunes pour s’en servir, remplacer ses machines-outils qui marchent pourtant très bien… En comparaison, comme le fait Porsche avec sa 911, la politique de l’entreprise lui permet de fournir toutes les pièces nécessaires et je veux bien croire Monsieur Pélissier quand il affirme qu’il ne gagne rien sur les avions neufs et se rattrape sur l’après-vente. Le marché français lui est acquis, les allemands sont de gros clients, notamment pour les remorqueurs, et l’anglais est un amateur versatile. Le marché américain, soit 80% de l’aviation légère mondiale, est hors sujet, ne serait-ce que par ses capacités de production et le protectionnisme fiscal ou juridique.

Chez MCR, discussion avec une jeune femme du stand qui construit elle-même son appareil et a modifié son kit avec le système de sortie des volets par barre de torsion unique, en remplacement des moteurs dispersés entre les deux ailes. Des ailes avec deux points d’ancrage comme l’indique le descriptif !

Et aussi du rapide suédois, train rentrant, annoncé comme détenteur du record dans la catégorie ULM avec l’arc vert jusqu’à 270 km/h pour la version lente ! Meet zeu Blackwing 600RG.

Des trucs qui volent, et même, des bizarres…

Tiens, ça rappelle la Ju52…? Mais oui, c’est le junker A50 Junior !

Le petit dernier de chez Elixir ... version 915iS turbo rotax 140CV tout carbone.

En bref, plein les yeux pour rêver. Au fait, connaissez-vous la différence fondamentale entre les enfants et les adultes ? Retour à Constance par le lac et collation. Nous avons négligé l’étoilé Michelin qui affichait des plats à 36€ très raisonnables. La restauration allemande ne s’encombre pas de menus en trois services mais propose des plats uniques. Tradition de l’Abendbrot, le pain du soir, qui veut alléger la digestion nocturne. Pour le même prix, nous mangerons chez le pizzaiolo local. La nuit porte conseil sur les conditions aéronautiques de demain, et surtout laisse passer le front chaud plus vite que prévu. Retour par le rail au terrain et décollage facile sur cette piste en herbe bien tondue et régulièrement aplanie par un énorme rouleau. Le planeur est exigeant en qualité de piste. Cap sur la France en traversée directe de la Suisse et du lac Léman jusqu’à Annemasse pour un petit complément d’essence à la pompe et de nourriture à la cantine locale : en sortant, suivre les hangars jusqu’au Mooney doré planté sur le rond-point et vous trouverez un établissement recommandable. Remarquons que la 100LL était moins chère en Allemagne qu'ici.

Café, friandises diverses et retour au Versoud.

Maintenant, une autre devinette. Pourquoi les diagrammes de centrage ont-ils le pan coupé sur la gauche et ne représentent pas des rectangles ?

 

Récit : une belle plume anonyme.
Images : les participants,
Pierre Bernard,
Jean-François Doreau,
Gilles Prenant,
Elodie Salé,
Gérard Vieux.
Mise en Web : crédit Bernard Moro